J’ai découvert le projet de Coralie le jour où celle-ci s’est présentée dans un groupe Facebook dédié au voyage, demandant des idées de nom pour celui-ci. J’ai tout de suite accroché à son idée : partir pour un voyage à cheval avec ses 2 demi-traits Aldo et Bangai, ainsi que son chien vagabond Corto, pour voyager lentement d’un éco-lieu à un autre, et faire découvrir des initiatives écologiques à son public, donc j’ai très vite fait partie ! Slow travel, écologie, permaculture, retour aux sources, Coralie a fait d’Equi-Roots une belle aventure, qu’elle partage sur ses réseaux sociaux avec une fraîcheur de ton inégalée… Je lui laisse la parole !
Coralie, voyageuse à cheval
Peux-tu te présenter en quelques lignes, ainsi que tes compagnons de voyage ?
Je m’appelle Coralie, j’ai été diplômée ingénieure agronome il y a un peu plus d’un an. Je suis aussi cavalière, amoureuse de la nature et du vivant depuis mon plus jeune âge. Je me suis prise d’un grand intérêt pour la transition énergétique, agro-écologie, modes de vie alternatifs durant mes derniers mois d’école.
Je suis accompagnée par mes deux chevaux, Aldo et Bangai. Ce sont des demi-traits de 8 et 9 ans. Peu rapides mais très porteurs, ils sont de très bons compagnons de route. J’ai également mon chien vagabond, Corto, pour veiller sur moi. Il était gardien de chèvres durant les 5 premières années de sa vie… Maintenant il est gardien de chevaux et d’humaine !
Comment as-tu eu l’idée de ce voyage avec des chevaux ?
J’ai connu une sorte de mutation intérieure durant ma dernière année d’étude… Une conférence de Pablo Servigne, un ingénieur agronome spécialisé dans la « collapsologie » (étude de l’effondrement de notre société industrielle), a marqué l’accélération de mon processus de mutation. Il n’était plus question pour moi de nier, tenter d’oublier la situation actuelle.
J’avais plus que jamais envie d’agir avec élan, ténacité et optimisme. Agir à mon échelle, certes, mais ne plus regarder les choses s’effondrer derrière un écran en désespérant… J’ai alors eu envie d’aller à la rencontre de toutes les étincelles d’espoir en France.
Le premier moyen de locomotion auquel j’ai pensé est le fourgon aménagé. Raisonnable, assez facile, basique. Puis j’ai pensé à l’image qui me traversait l’esprit dans mes moments difficiles : « oh et m**** si ça continue comme ça, je laisse tout tomber et je pars avec un cheval et une mule ». C’est comme ça que mon projet est né ! Mais avec deux chevaux, car je les connais depuis toujours, alors que les mules m’impressionnaient davantage.
Quel a été ton éco-lieu préféré ?
Wahou… Je suis incapable de répondre à cette question. L’ambiance a été extraordinaire dans chaque : partage, échange et bienveillance étaient les maîtres mots. De plus, ils fonctionnaient tous très différemment, et j’ai appris beaucoup de choses avec chacun d’entre eux !
Aux Jardins En-Chantants (à Herrlisheim-Près-Colmar), les maraîchers sont aussi, respectivement, musicien-chanteur et costumière de spectacle. Ils ont une approche de la vie, de la Terre, des légumes cultivés, et de leur métier, qui était toute nouvelle pour moi. Ils avaient des valeurs magnifiques qu’ils essayent de transmettre avec toute leur âme, leur amour, et leur énergie.
A l’élevage du Yack, les chiens sont au cœur de leur vie… Une vie paisible (enfin… la plus paisible qu’il est possible de faire avec une activité comme celle-ci…) menée au fond des Vosges Saônoises. Souhaitant s’émanciper au maximum des multinationales, ils sont autonomes en eau, électricité, élèvent leurs cochons, moutons et chèvres, et privilégient les circuits (très) courts.
Ensuite, aux jardins de Manspach j’ai pu discuter de maraîchage sur sol vivant, une façon de cultiver le sol sans le travailler, qui me passionne. J’ai aussi eu un aperçu de physique quantique et géométrie sacrée appliqués à l’agriculture, ça a été de merveilleuses et étonnantes découvertes, qui m’ont ouvert d’autres portes de recherches personnelles ! La cerise sur le gâteau, dans cet éco-lieu, a été d’apprendre à diriger une jument tractant remorques et charrue.
Enfin, lors d’une dernière rencontre, on m’a enseigné quelques bases en éco-construction et urbanisme. Cet épisode a été très bref mais intense, et m’a permis d’ouvrir d’autres perspectives… Car cela ne sert à rien d’étudier l’agriculture, si on ne prend pas en compte tous les autres domaines qui y sont liés.
Une anecdote insolite à raconter ?
En réalité, il n’y a pas eu beaucoup d’imprévus durant mes deux mois de voyage, si on met de côté toutes les fois où Bangai, mon cheval de bât, décidait de prendre un autre chemin ou carrément de faire demi-tour… Comme il était en liberté, j’étais alors obligée d’attacher Aldo à un arbre et aller récupérer le loulou… Parfois, c’est Corto, mon chien, qui se chargeait d’aller le chercher !!
Ce qui peut aussi être insolite, c’est de remarquer qu’à chaque fois que j’avais un gros moment difficile, que j’avais envie de tout abandonner et de rentrer chez moi, je rencontrais des personnes extraordinaires qui me redonnaient de la force et du courage !!
Une grosse galère à raconter ?
Pour moi, ce qui a été le plus dur à supporter, et qui a été une galère tout au long du voyage, ça a été de remarquer que Aldo, mon cheval de selle, ne semblait pas apprécier ce mode de vie.
Il était mou, grincheux, traînait les sabots et ne montrait aucune motivation à cheminer… ça a été très difficile pour moi, car je ne voulais en aucun cas lui faire vivre et faire quelque chose qu’il ne souhaitait pas… Mais heureusement, ça a aussi une opportunité pour moi d’apprendre à apprécier ce voyage dans toute sa lenteur. Et cela m’a permis de créer une relation avec lui extrêmement forte, j’ai beaucoup appris sur moi-même et mes compagnons.
Maintenant que tu es rentrée, peux-tu nous en dire plus sur tes projets ?
Mes projets sont en stand-by… Dans l’idée, je souhaitais refaire une saison d’hiver en station pour repartir l’année prochaine… Malheureusement, je vais devoir trouver une famille qui saura répondre aux envies et besoins d’Aldo, et pour cela, le printemps est le meilleur moment.
[note : Coralie a pris la difficile décision de se séparer d’Aldo car une ancienne blessure l’empêche de faire de longues randonnées comme les siennes]
Ensuite, je devrai trouver un nouvel équidé pour repartir (cette fois, je me sens prête pour la mule !). Il me faudra alors travailler avec Bangai et le nouveau venu, observer leur façon de travailler et quelle place chacun préfère. Puis racheter tout le matériel adapté… Je vais repartir quasiment de zéro, et maintenant je sais tout le temps, l’argent et l’énergie que ça nécessite…
Et je suis consciente que je ne pourrai pas partir en 2019. Je vais donc chercher un job pour la belle saison, et d’ingénieure cette fois, en espérant qu’il corresponde à mes valeurs ! Puis je repartirai, si c’est toujours d’actualité, au printemps 2020 avec ma nouvelle équipe…
Un immense merci à Coralie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Si son projet vous parle autant qu’à moi, n’hésitez pas à la soutenir en la suivant sur ses réseaux sociaux :
- Sur Facebook : Equi’Roots
- Sur Instagram : equiroots
- Sur son blog : http://www.equiroots.fr/
Retrouvez également les éco-lieux que Coralie a visité :
- Les Jardins En-Chantants, maraîchage polyculturel
- L’élevage du Yack, un élevage de bergers australiens et allemands, autonome en énergie et production agricole
- Les jardins de Manspach, qui pratiquent le maraîchage sur sol vivant