Alors que Karakorum et le monastère d’Erdene Zuu, ne m’ont pas laissé une impression extraordinaire, nous partons pour le désert de Gobi. La route, toujours aussi sinueuse et fatiguante, est superbe. La terre a une couleur de chocolat brûlé ! Nous nous rendons au site d’Oosh Shahlaga, les montagnes sacrées qui représentent la « mère » par leur forme de seins. Mais point de poitrine pour nous, la route est trop boueuse pour que nous puissions y aller ! Après l’embourbement de l’un des véhicules, nos chauffeurs abandonnent l’idée de pouvoir nous emmener.
Tant pis pour les seins, nous pique-niquons dehors comme souvent. A cet effet, nous transportons tables et chaises pliables, qui sont sorties et démontées en un rien de temps. Des repas froids ou chauds, thé et café, notre agence est extrêmement bien organisée. Nous déjeunons donc régulièrement au milieu de nulle part, dans les plus beaux paysages de Mongolie. Quelle chance !
Une nuit chez les nomades
Nous reprenons la route, en direction du lieu de vie d’une famille nomade chez qui nous allons passer la nuit. Cela sera l’unique nuit du séjour chez l’habitant, dans les mêmes conditions qu’eux, car le reste du temps nous sommes en yourtes « pour touristes », avec pas mal de confort moderne. Au milieu d’une immense steppe, la première yourte de nos hôtes apparaît. Ils possèdent 6 yourtes au total, avec des lits pour nous.
Nos hôtes nous accueillent. Il s’agit d’un couple, qui a eu 8 enfants. Certains sont partis pour la ville, d’autres vivent avec leurs parents. Le plus jeune a 6 ans. Une partie du groupe part se promener à pied autour d’un petit lac, tandis que je reste pour profiter d’un peu de calme et dessiner. Nos hôtes sont partis à moto chercher un mouton que nous allons manger le soir même !
La mise à mort est extrêmement rapide, mais impressionnante pour nous autres occidentaux : une incision est faite au niveau de l’estomac de la bête, par laquelle on passe ensuite le bras pour aller sectionner la jugulaire à la main. Le mouton est ensuite découpé sur une bâche et de vieux cartons, aucun morceau ne se perd (même la tête)… Miam !
Nous le mangeons façon barbecue mongol : les morceaux de viande sont cuits dans une grosse marmite dans laquelle on met des pierres très chaudes. C’est le contact de la pierre avec la viande qui la cuit. Nous assistons aussi à la traite des chèvres à laquelle nous nous essayons. Nous avons clairement moins de dextérité qu’eux, qui traient 100 chèvres chaque jour !
Ils font avec le lait un fromage absolument épouvantable, au goût acide, dur comme du bois et qui s’effrite comme du parmesan. Terrible ! Le thé au lait salé est par contre délicieux. Mieux vaut avoir l’estomac solide, car les toilettes sont carrément rustiques… Et il n’y a pas l’eau courante. Vous noterez l’absence de porte qui permet d’admirer le paysage lorsqu’on fait sa petite affaire !
Mon carnet de voyage me permet de rencontrer un franc succès avec Arun-Bator, 9 ans, qui me fait plein de dessins. Pour briser la glace, j’ai crayonné son portrait, ce qui l’a fait beaucoup rire. Il ne m’a plus lâchée ensuite ! La soirée est animée, la vodka que nous avons apportée en cadeau aide un peu. Chants mongols, puis danse sous les étoiles avec la sono d’un des van à fond. Quelle ambiance ! Arun-Bator passe une bonne partie de son temps sur mon dos. Nous les quittons le lendemain pour les dunes de Khongor, reconnaissants pour ces moments partagés.
La grande dune de Khongoryn Els
Autre incontournable de la Mongolie, cette dune s’étend sur 180 km de long, et s’élève à 200 mètres. En comparaison, ma dune du Pyla natale, qui est la plus haute d’Europe ne fait « que » 106 mètres ! La dune de Khongoryn Els est donc très visitée, mais ici aucun escalier n’est prévu pour le touriste. L’ascension est éreintante. Les pieds s’enfoncent profondément dans le sable, on perd du terrain presque autant qu’on en gagne. Notre guide nous annonce que l’ascension prend en général 1 heure : il n’en faut pas plus pour que nous nous mettions en tête d’arriver au sommet le plus vite possible ! J’arrive derrière mon petit frère en 35 minutes, je ne suis pas peu fière…
Au sommet, la vue est surprenante. Aussi loin que porte le regard, des dunes, tandis que dans notre dos pas un grain de sable. Malheureusement, se tenir debout sur la ligne de crête n’est pas très agréable : le vent soulève le sable par bourrasques, fouette les mollets et s’insinue partout : j’aurai du sable jusque dans les oreilles !
En vallée de Yol
La route continue. La deuxième moitié du voyage commence à être bien entamée, et j’ai déjà ce petit pincement au cœur que j’ai quand je n’ai pas envie que cela s’arrête ! Mais nous commençons aussi à en avoir marre de la route, au minimum 3 heures de piste chaque jour… Heureusement, Migaa, sa sublime chemise en soie bleue et sa playlist de 20 chansons mongoles que nous écoutons en boucle depuis le début du voyage savent nous mettre de bonne humeur 🙂 !
La vallée de Yol est en fait une gorge très étroite de plusieurs kilomètres de long, encaissée entre de hautes montagnes. On la parcoure à pieds, les yeux levés vers les hauts sommets à la recherche du gypaète barbu, ce grand rapace menacé qui y a élu domicile, et a donné son nom mongol à la vallée. Nous en verrons quelques uns planer en cercle loin au-dessus de nos têtes.
Autre habitant de la vallée de Yol, le pika est un adorable petit rongeur d’une dizaine de centimètres. Ils s’enfuient par dizaines à notre approche, en poussant des cris stridents, pour rejoindre leur terrier.
Les paysages dans la gorge sont absolument superbes. Certains passages sont extrêmement étroits, nous ne passons que les uns après les autres. L’endroit est très humide car perpétuellement à l’ombre des hautes montagnes qui l’entourent. La vallée est d’ailleurs gelée une bonne partie de l’année !
Les falaises rouges de Bayanzag
Nouveau changement de décor, nous mettons le cap sur les falaises de Bayanzag. Lieu de découvertes paléontologiques, ces falaises de terre ocre sont sculptées par le vent, au gré de ses fantaisies. Alors que nous roulons sur la steppe verdoyante, elles apparaissent tout à coup dans toute leur splendeur :
Il me paraît assez surprenant que nous puissions les parcourir à pied. Le sol paraît très friable et s’érode facilement. J’ai l’impression que la Mongolie ne protège pas encore son patrimoine naturel comme d’autres pays où l’afflux de touristes est beaucoup plus important. J’espère que cela sera bientôt le cas.
Après des explications sur les recherches archéologiques qui ont lieu ici, ainsi que sur ce paysage incroyable, nous rentrons à pied à notre campement. Le temps se gâte, mais nous offre l’un des plus beaux ciels de notre séjour.
Nous revenons admirer le coucher de soleil sur les falaises. Il n’y a pas grand-chose à dire, le panorama parle de lui même ! Pour être honnête, je ne m’attendais pas à une telle diversité de paysages en Mongolie. On a tous l’image de la yourte blanche sur la steppe verte, mais qui pensait qu’il y avait des dunes de sable, la surprenante vallée de Yol, ces incroyables falaises de terre rouge, les bosses de la vallée de l’Orkhon ou la terre chocolat du désert de Gobi ?
Cet article clôt le récit de mon voyage en Mongolie. Nous rentrons à Oulan-Bator avec quelques arrêts : là un monastère bouddhique, ici une famille chez qui nous prenons le thé… J’ai le cœur gros le dernier soir à Oulan-Bator, avant de rentrer. J’aurai voulu avoir plus de temps pour découvrir ce merveilleux pays. A charge de revenir !
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- Premiers pas en terre mongole, à Oulan-Bator et au Monastère de Gandantegchinlin
- Jeux nomades et chevaux sauvages, lorsque nous avons eu l’immense chance d’assister aux jeux traditionnels, avec la course des chevaux et la lutte mongole, et de voir des chevaux de Prezwalski
- Le monastère de Shankh (et une histoire de chameaux) où lorsqu’un jeune moine nous a raconté son quotidien
- Merveilles de la vallée de l’Orkhon, qui raconte nos échanges avec une famille d’éleveurs et la visite du monastère de Tövkhön
- Karakorum, capitale des khans, passage obligatoire vers ce symbole du grand empire mongol