Un voyage au Pérou à huit, ça se prépare ! Ce voyage entre potes a été décidé fin 2016 : tomber d’accord sur les dates, puis sur l’itinéraire, les treks, les hôtels ne fut pas une mince affaire mais après moults repas et après-midis de réunion nous y sommes parvenus : départ le 7 octobre pour 3 semaines 1/2 au pays des lamas (et alpagas 🙂 ) !
Une journée à Lima
Notre avions décidé pour notre première semaine, à trois, de découvrir une partie du nord du Pérou en nous rendant depuis Lima à Trujillo, une ville côtière, puis Chachapoyas, petite capitale de la région Amazonas perchée à 1800 mètres d’altitude.
Le 8 octobre, après 16 heures de vol et une escale au Panama, nous arrivons à 22h30 à Lima. Un taxi nous conduit à notre hôtel à toute vitesse, je note déjà que les dépassements se font plus par la droite que par la gauche et que les klaxons retentissent dix fois plus qu’en France, mais c’est parfait, nous sommes déjà dépaysés !
Nous passons une nuit reposante dans une chambrette simple mais propre et qui a l’avantage de coûter seulement 5€ par personne dans le quartier de Miraflorès à la Casa del Mochilero. Le réveil matinal dû au jetlag nous offre l’occasion de prendre le petit déjeuner sur place, dans un grand salon avec cuisine où les résidents se retrouvent autour d’une télé bruyante.
La propriétaire de l’hôtel, très sympathique, nous renseigne sur la trajet à effectuer pour aller prendre notre bus de nuit le soir même et passe quelques coups de fil pour nous dégoter un taxi « sûr », puis nous laissons les sacs à la réception et partons découvrir Lima.
Rues colorées et ambiance surchauffée dans les rues de la capitale
Après une quinzaine de minutes de marche, nous trouvons la station de métro évoquée par notre hôtesse, qui nous a d’ailleurs prêté sa propre carte pour nous éviter d’en acheter une. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que le « métro » est en fait un simple bus, avec un couloir dédié séparé de la chaussée ! Il faut dire cependant que cette séparation est fort utile car les bouchons sont chaotiques dans la capitale.
Arrivés dans le centre, nous partons vers la place centrale et tombons sur une procession d’orchestres tonitruants et de jeunes gens costumés. Ça commence bien ! Malheureusement aucune idée du pourquoi de cette fête, d’autant que la Plaza de Armas est elle le théâtre d’une course cycliste, où les coureurs font le tour à toute vitesse et manquent de verser dans les tournants.
La ville est sacrément agitée, il fait chaud et il y a beaucoup de bruit. De plus, un match de football permettant au Pérou de se qualifier pour la Coupe du Monde pour la première fois depuis trente ans approche, donc les péruviens sont surexcités et achètent aux vendeurs de rue des drapeaux, autocollants, trompettes, c’est le bazar !
La plaza de Armas vidée pour accueillir une course cycliste
Étourdis par ce chahut, nous décidons de manger dans un petit marché qui ne paye pas de mine sur un stand choisi par rapport au nombre de personnes attablées, et après nous être auto-persuadés que nous allions éviter la classique turista.
Creepy, non ?
Nous dégustons notre premier ceviche, une excellente surprise, puis un poulet simple et bon.
Ravis de cette première rencontre avec la cuisine péruvienne, nous partons déambuler dans les rues où nous mangeons un dessert sous un chapiteau à rayures et tombons sur une jolie église bleue. Quel contraste entre les bâtiments complètement à l’abandon et d’autres magnifiques !
Un magasin qui a du lustre !
Le contraste dans les rues est permanent
Dès 17 heures, nous commençons à ressentir la fatigue du décalage horaire, accentuée par la folie de Lima. Nous décidons par conséquent de jouer aux cartes avec une bière locale pour patienter jusqu’au soir, où nous partons en bus de nuit pour Trujillo.
Le trajet Lima-Trujillo dure environ 9 heures et coûte 25€ en siège VIP (= cama). D’ailleurs, pourquoi parler de siège ? Il s’agit d’énormes fauteuils moelleux pouvant s’allonger presque entièrement, avec oreiller, couette, écran privatif, et un dîner chaud est même servi (ce que nous ignorions). De quoi passer une excellente nuit et arriver en pleine forme le lendemain, ce qui vaut le coup !
Nous avions réservé via Cruz del Sur, une compagnie réputée et que j’ai trouvé personnellement mieux que Movil Bus (l’autre compagnie star au Pérou). Attention, certaines compagnies de bus sont déconseillées car dangereuses. Vous pouvez réserver des billets ici, réservation en avance conseillée pour les trajets en VIP sur les compagnies connues, nous en ferons les frais plus tard…
Trujillo, ville coloniale au bord du Pacifique
Trujillo est le chef-lieu de la région de La Libertad et la troisième ville du Pérou avec ses 800 000 habitants. Apparemment surnommée la « ville du printemps éternel » par les péruviens, en raison des températures moyennes dont elle bénéficie tout au long de l’année, nous n’y verrons qu’un ciel gris durant les trois journées passées là-bas…
Un passage par Trujillo est recommandé par les guides de voyage pour découvrir la cité de Chan Chan, la plus grande cité en adobe du monde édifiée par la culture Chimú, et les Huacas del Sol y de la Luna, des pyramides faites du même matériau, vestiges de la culture des Moches. L’adobe est en fait un mélange d’argile, d’eau et de paille qui peut être séché au soleil après avoir été façonné en forme de brique.
Restauration aux Huacas del Sol y de la Luna
Arrivés à Trujillo à 7 heures du matin après notre nuit en bus VIP, nous trouvons facilement notre hôtel (très vétuste !) puis nous nous mettons en quête d’une agence pour visiter Chan Chan et les Huacas. Je constate rapidement que Trujillo est moins touristique que Lima, et je suis ravie de me sentir dans un endroit moins prisé des touristes que la capitale !
Pour autant, la ville n’est pas très belle, quelques maisons colorées mais le reste est marron et le ciel tout gris. Un guide nous expliquera plus tard que le phénomène d’El Niño mène la vie dure aux bâtiments de la ville et explique en partie le délabrement général de certains quartiers.
Nous trouvons proche de la place centrale une agence qui nous propose de visiter le jour même Chan Chan et les Huacas del Sol y de la Luna. Ayant prévu à l’origine deux journées pour ces visites, nous hésitons un peu puis finissons par dire oui, d’autant que cela semble être la norme. Et c’est ainsi que deux heures après notre arrivée à Trujillo nous nous retrouvons dans un minibus avec une douzaine de personnes et un guide (parlant seulement espagnol hélas) en direction de Chan Chan.
Pour être honnête, la journée fut longue. Tout d’abord, rester attentive pour saisir quelques bribes du discours du guide espagnol fut épuisant et mon attention finissait par s’affaiblir régulièrement. Ensuite, les vestiges de la cité de Chan Chan et des Huacas n’étaient pas aussi impressionnants que ce à quoi je m’attendais. C’est en lisant par la suite mon guide consacré à ces lieux que j’ai mieux compris ce qu’ils représentaient, mais sur le moment ce n’était pas aussi grandiose que ce que j’espérais.
Huaca del Sol
Les Huacas del Sol y de la Luna sont deux constructions voisines bâties par la civilisation des Moches. On estime que leur construction a démarré autour de l’an 100 après JC. La civilisation des Moches s’étant éteinte il y a 1300 ans sans laisser de traces écrites, on ne peut que penser qu’il s’agissait d’un centre administratif. Ces pyramides ont été construites tout au long de l’ère des Moches, qui rajoutaient régulièrement des niveaux à ces édifices :
Aujourd’hui, la Huaca del Sol compte 5 niveaux construits sur une base de 228 mètres sur 136. L’ensemble s’élève à 41 mètres de haut, environ 130 millions de briques d’adobe furent nécessaires pour sa construction.
Détails sur les murs des huacas
Un guerrier tenant une tête…
La Huaca del Sol n’a pas encore été fouillée, contrairement à sa voisine. Régulièrement, le guide nous expliquait que de nombreux sites de la région n’avaient pas fait l’objet de recherches scientifiques en raison du manque de budget, et que malheureusement les phénomènes météorologiques et les pilleurs abîmaient ces trésors des civilisations précolombiennes de la région.
C’est une réalité à laquelle je ne m’attendais pas, étant « habituée » à voir dans nos musées européens des trésors antiques de ces grandes civilisations, j’étais loin de m’imaginer que certains trésors pourraient être perdus car personne ne veut financer les recherches. Mais on peut aussi penser que de belles découvertes restent à venir !
La cité de Chan Chan, que l’on visite après les Huacas, et une ancienne ville de 30 000 habitants construite entre 850 et 1470 apr. J.-C par les Chimú, une civilisation qui succèda à celle des Moches. La cité s’étend sur 20 km2, et figure au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1986.
Aucun plan précis ne se dessine, mais différents bâtiments la composaient : habitations royales, bâtiments administratifs, places publiques (où la résonance est extraordinaire, nous en ferons l’expérience en frappant dans nos mains). De nombreux motifs ornent ses murs et notamment des poissons et pélicans qui rappellent la proximité de l’océan Pacifique !
Tout laisse à penser que cette civilisation devait beaucoup à la pêche !
Au retour, nous nous arrêtons à Huanchaquito, une petite ville côtière connue pour ses pêcheurs qui s’élancent à l’assaut des vagues sur des bateaux de paille. Nous verrons les bateaux rangés gentiment sur la plage, et ce sont les surfers et les pélicans qui feront le show !
La jolie jetée au soleil couchant
La star du coin !
Après cette journée de visite tout en espagnol et encore sous le coup du jetlag nous tombons de fatigue. Nous dînons dans un restaurant sur la plaza de Armas où je fais un bad choice en prenant au hasard sur la carte des abats de poulet, et rentrons nous coucher dans cet hôtel où l’aération de la salle de bain est un trou dans le mur…
Après une malgré tout bonne nuit, nous quittons l’hôtel en ayant cassé la clé dans la serrure (décidément !) et en gardant nos sacs avec nous car l’hôte ne nous inspire pas suffisamment confiance pour qu’on les laisse pour la journée. Nous retournons à l’agence de la veille avec qui nous nous sommes accordés pour une visite, en anglais cette fois, d’un autre site archéologique de la région : celui d’El Brujo.
Une pyramide à côté d’El Brujo, encore inexplorée…
Le guide du routard n’y consacre que quelques lignes, mais c’est pourtant un site que j’ai trouvé plus impressionnant que celui des Huacas car mieux conservé. Son emplacement à 1h de voiture de Trujillo explique peut-être que moins de personnes s’y rendent. Ce site, également issu de la civilisation des Moches, est connu pour un bas-relief représentant des prisonniers nus, et la momie d’une femme tatouée retrouvée en 2006 dans une tombe d’une des pyramides et aujourd’hui exposée dans une salle sombre afin de la préserver.
Le détail des tatouages est encore visible sur sa peau, et le mystère qui entoure la « dame de Cao » la rend encore plus attractive. Sa tombe remplie d’armes interroge les scientifiques : était-elle une guerrière ou simplement une femme de haut rang ?
Le vestige d’un mur, et une reconstitution ci-dessous :
Le mur des prisonniers : nus et marchant à la file indienne vers le sacrifice…
La tombe de la momie !
La civilisation des Moches s’étant éteinte de façon mystérieuse au VIIIe siècle, certains secrets resterons sans doute irrésolus…