Deux jours après notre arrivée à Trujillo, nous repartons toujours plus loin en direction du Nord pour atteindre Chachapoyas. C’est à nouveau en bus de nuit que nous quittons la ville pour un trajet qui s’avérera chaotique. Assis en classe « normale » dans le bus (semi-cama), bien que celle-ci reste beaucoup plus confortable que les bus français, nous subirons un trajet de 10 heures dont 6 sont sur des routes de montagnes. Nos sièges sont à l’étage du bus, juste au-dessus des roues de celui-ci, chaque virage est un cahot horizontal et chaque ralentisseur un cahot vertical… Note pour le futur : choisir plutôt des places au milieu du bus !
Nous arrivons à Chachapoyas très fatigués, mais pourtant nous persistons à partir le matin-même en excursion : départ 30 minutes après notre arrivée pour la forteresse de Kuelap ! Notre auberge de jeunesse, la meilleure de notre séjour pour son rapport qualité-prix, organise en effet des visites.
La forteresse de Kuelap
Les Chachapoyas sont un peuple dont le nom signifie « guerriers des nuages ». Ils vécurent sur un territoire d’une superficie de 65 000 km2 dans le Nord du Pérou du IXe au XVe siècle. Comme beaucoup de peuples conquis par les Incas, celui-ci est mal connu car les seules sources de connaissance à leur sujet sont celles qui nous sont parvenues à travers les Incas qui les ont conquis, puis les conquistadors espagnols. La ville de Chachapoyas, qui tire son nom de ce peuple, est aujourd’hui la capitale de la région Amazonas. Perchée à 1847 mètres d’altitude, 20 000 personnes y vivent.
Surnommée le « Machu Picchu du Nord », la cité fortifiée de Kuelap est l’un des vestiges les plus connus de la civilisation des Chachapoyas. Située à plus de 3000 mètres d’altitude et construite entre l’an 500 à 800 (soit 600 ans avant le Machu Picchu), cette cité fut étudiée pour la première fois en 1930 par des archéologues français, suite à sa découverte en 1843.
Kuelap était a priori un centre religieux et de commandement de la civilisation des Chachapoyas, occupée à son apogée par 3000 habitants, et ce jusqu’au XVIe siècle. Aujourd’hui, on y accède en téléphérique, le premier construit au Pérou. De nombreux touristes péruviens viennent donc AUSSI pour prendre le téléphérique 🙂
La visite guidée en 3 langues fut intéressante, mais nous étions un peu nombreux, d’autant plus que le touriste sud américain est amateur de perche à selfie. Qu’à cela ne tienne, il suffit de s’éloigner pour imaginer les gens vivant là à l’époque. On voit encore au sein de certaines habitations le foyer central, le lit, et surtout l’enclos à cochons d’Inde (miam). C’est aussi la première fois depuis notre arrivée que nous sommes face à un panorama aussi montagneux, et grandiose. Nous voyons nos premiers lamas !
De retour à Chachapoyas en fin d’après-midi, nous prenons un repos bien mérité. Un mal de tête persistant en soirée me fait comprendre que l’altitude ne sera pas mon amie et qu’il va falloir s’acclimiter lentement…
Les chutes de Gocta
Le lendemain, nous partons pour une excursion que nous attendons avec impatience : celle des chutes de Gocta. En effet, c’est la première sortie « sportive » de notre voyage, car les chutes sont à 3 heures de marche du village de Cocachimba, auquel on on se rend en une heure de minibus depuis Chachapoyas.
Cocachimba, son terrain de foot et ses chutes
Nous retrouvons non sans inquiétude les selfie men de la veille, qui n’ont pas l’air très équipés pour cette sortie… Après avoir choisi notre repas du midi (les agences qui organsisent les excursions sont souvent partenaires de restaurants), nous nous élançons sur le sentier qui mène aux chutes. Nous faussons bien vite compagnie à notre guide et nos amis de la veille et marchons d’un pas tonique en laissant l’appareil photo de côté : nous atteindrons les chutes en 1h30.
Attention, les 5 kilomètres à parcourir sont principalement en descente à l’aller… Donc le retour est plus difficile 🙂 ! D’après les locaux, les chutes de Gocta sont les 3e plus hautes du monde. Leur hauteur totale est de 771 mètres, sur deux niveaux. Cependant le classement de la « World Waterfall Database » les classe en 15e position en raison du fait qu’elles tombent sur deux niveaux… Quoiqu’il en soit, elles restent impressionnantes !
Arrivée au pied des chutes, je comprends enfin pourquoi certains portaient des parapluies : je trouve pourtant pour ma part que la petite bruine est rafraîchissante. Nous restons une vingtaine de minutes puis repartons. Finalement, je préfère la vue sur les chutes de loin que lorsqu’on se trouve à leur pied : on se rend mieux compte de la hauteur !
La randonnée des chutes de Gocta est vraiment super. La végétation est luxuriante, le cadre magnifique, c’est un bon échauffement pour ceux qui veulent faire ensuite de plus longues marches, et on peut ensuite raconter qu’on a vu les 3e ou 10e plus hautes chutes du monde… Je recommande !
Le canyon de Sonche
A Chachapoyas, les attractions touristiques majeures sont la forteresse de Kuelap, les chutes de Gocta et les sarcophages de Karija. A l’origine nous avions donc prévu de faire ces trois visites, mais plusieurs voyageurs rencontrés à Chachapoyas ou à Trujillo nous ont déconseillé les sarcophages de Karija. Apparemment assez loin de Chachapoyas, la vue s’avère être exactement celle que l’on trouve sur les photos des guides, sans randonnée sympathique ou musée à visiter.
Par conséquent, nous décidons de zapper les sarcophages pour nous rendre au canyon de Sonche, dont j’avais entendu parler sur le blog voyage-pérou. L’avantage de cette visite, c’est aussi qu’elle peut se faire sans agence, et après deux jours passés en compagnie des selfie men cette idée nous paraît assez séduisante.
Le patron de notre auberge nous indique sur un plan où trouver le collectivo (mini bus) qui va en direction du canyon : nous payons à peine 2€ par personne pour nous y rendre en une vingtaine de minutes sur des routes de terre défoncées. Arrivés sur place, une vieille femme vend des tickets aux quelques personnes présentes. Quel bonheur, il n’y a quasiment personne et pourtant quelle vue !!!
Du mirador principal, deux sentiers partent dans des directions opposées. Celui de droite est sympa mais la vue n’est pas très dégagée, on peut le parcourir pendant une dizaine de minutes. Celui de gauche n’est pas aussi bien balisé donc il faut être prudent, cependant la vue vaut la peine. Nous n’irons pas jusqu’au bout car il devient de plus en plus vertigineux, nous ferons demi tour au bout d’une quinzaine de minutes.
Retour à pied du canyon de Sonche, avant que la pluie nous surprenne…
Chachapoyas, une étape incontournable
De tout notre séjour, Chachapoyas reste l’une de mes étapes préférées. Cette jolie ville blanche dégage une serennité tranquille avec sa grande rue piétonne et sa place centrale, où à toute heure des passants discutent au soleil. Ses rues sont souvent parcourues par les écoliers en uniforme, et peu de touristes européens s’y rendent en comparaison avec le reste du pays.
De nombreux restaurants et cafés à des prix très abordables permettent de se restaurer à toute heure de la journée, tout comme les hôtels qui sont vraiment bon marché. Les visites à faire dans la région sont un bon mélange de culture et de nature, dans des panoramas vraiment magnifiques.
Bref, authenticité, paysages, culture, et une vraie envie de revenir découvrir plus en profondeur cette région du Pérou pour moi 🙂
Article très intéressant , c’est un plaisir de vous lire..
j’apprécie bien souvent votre blog
Merci pour votre commentaire, cela fait plaisir de savoir que les articles sont lus et appréciés 🙂