Retour d’expérience sur cette randonnée de 4 jours en Auvergne, sur le plateau du Cézallier, effectuée au mois d’août avec mon chien.
Quel itinéraire pour randonner dans le Cézallier ?
J’ai trouvé le circuit de cette randonnée sur l’excellent site I-Trekkings : trace GPX (à importer dans une app de rando type VisoRando, Komoot…), résumé des étapes, et photos pour donner envie de partir tout de suite.
105 km à couvrir en 5 jours et en 2 boucles : cette idée m’a séduite car elle me permettait de repasser à mon van à la fin du deuxième jour, donc de me ravitailler, de passer une nuit confortable au sec…. C’était rassurant pour une première randonnée de plusieurs jours en autonomie.
Le matériel pour randonner en autonomie avec mon chien
Le poids du sac pour randonner est clairement un des critères les plus importants à prendre en compte dans votre préparation ! Si votre sac est trop lourd, vous allez souffrir le martyre et la randonnée tant attendue va se transformer en calvaire.
Après plusieurs treks en autogestion, j’ai fini par atteindre un poids de 11.5 kg sans l’eau ni la nourriture, ce qui commence à être considéré comme léger. J’ai créé un article dédié exclusivement à la préparation du sac de randonnée léger, je vous laisse le lire pour plus d’infos.
Mon ressenti sur les étapes du Tour du Cézallier
Comme toute randonnée de plusieurs jours, il y a les étapes que l’on a prévu de réaliser… Et celles qu’on réalise vraiment ! La fatigue, la météo, le terrain sont autant d’éléments qui viennent toujours perturber le joli plan qui avait été prévu lors de la préparation… J’ai par exemple marché seulement 4 jours et non 5 comme je l’avais prévu : je vous laisse découvrir pourquoi.
Jour 1
🥾 30 km – 7h20 de marche – 670 mètres dénivelé +
Partie au matin de La Godivelle, je suis en short et en t-shirt sous un soleil radieux. 30 minutes après mon départ, les vaches commencent déjà à me tester : il y a un veau au milieu du chemin. Mais un gros veau hein, un veau ado. Et le chemin fait à peine 3 mètres de large, entre des barbelés ! Je ne suis pas du tout à l’aise à l’idée de me glisser entre un veau adolescent et des barbelés, donc j’enlève le sac, je me glisse sous les barbelés, je tire le sac, je le mets sur mon dos, je dépasse le veau-ado, je re-enlève le sac, je repasse sous les barbelés, je tire le sac et le mets sur mon dos. Pfiou, ça commence bien !
Je trace ma route entre forêt, prairies à perte de vue, il y a des milliers de fleurs et c’est trop beau.
Vers 13h, j’arrive au lac du Montcineyre, le 1er de la journée, et la pluie arrive aussi. Je pique-nique dans la forêt un peu à l’abri, j’enfile ensuite mon poncho vert au-dessus de mon sac et me transforme en tortue géante, un gars sympa me propose de m’abriter… Mais je préfère avancer. 2e lac du trajet, le lac Pavin, j’apprends que c’est le plus jeune cratère de France… Magnifique ! Hélas, il n’y a qu’un point de vue sur le lac entre 2 sapins, sinon on ne l’aperçoit pas, c’est dommage car sa vision m’aurait soutenue durant la marche.
Je continue encore, toujours sous la pluie, pour atteindre le lac Chauvet. Je pensais bivouaquer là, mais comme le Montcineyre il est privé… Bivouac interdit, chiens interdits, baignade interdite, VTT interdits, bref c’est nul, je me ravitaille en eau quand même grâce à mon filtre MSR (est ce interdit aussi ?) et continue à avancer… Je commence sérieusement à fatiguer, et je m’inquiète de ne pas trouver de lieu pour planter ma tente. J’ai peur de la planter dans une estive par mégarde et de me réveiller entourée de vaches !
Je finis par trouver un coin de forêt moelleux, au moins il ne pleut plus pour monter la tente… Je n’ai franchement pas chaud, donc dîner vite fait vite avalé et dans le duvet à 20 heures !
La nuit sera bonne malgré la pluie qui recommence, je me lève à 7h.
Jour 2
🥾 16 km – 4h20 de marche – 460 mètres dénivelé +
Je me lève sous la pluie, je plie la tente mouillée sous la pluie, le duvet est mouillé aussi car une sardine n’a pas tenu donc la tente a pris l’eau (ça m’apprendra…), bref tout est mouillé, mouillé, mouillé. 2 barres de céréales et je plie en 40 minutes, Pisco hier a mis sa patte dans ma tasse dédiée au café, donc elle est pleine de terre, pas de café…
Je laisse tomber le poncho qui est mouillé à l’extérieur ET à l’intérieur, et je marche avec ma veste gore-tex et le sur-sac. J’ai mal au genou, ça dure une bonne heure, je commence à penser que la rando n’est pas faite pour moi et je me fais rin-cer !
Le chemin passe dans un pré avec une vingtaine de vaches + les veaux + le taureau, en plein milieu… Rebelote passage sous les barbelés, je les contourne dans des hautes herbes et de la gadoue, je galère comme il faut. Je croise des randonneurs qui me disent « ouais c’est rude avec la pluie », bref tout le monde prend cher !
Au village d’Eglise Neuve d’Entraigues, je me rends compte que j’ai oublié de prendre un masque anti-covid, forcément ! La boulangère hyper sympa me sert dehors un café et DEUX chocolatines. Ça va déjà mieux !
Le soleil revient à peu près, le moral avec, le genou va mieux. Les paysages sont toujours aussi beaux.
J’ai eu envie d’abandonner bien sûr avec la pluie, mais je VEUX passer le cap des 2 jours de randonnée, pour me préparer à des treks encore plus longs.
J’atteins mon van comme prévu vers 13h, je fais sécher tout mon matos car tout est trempé ! Un super repas de spaghettis courgettes au pesto, une mega sieste de 14h30 à 17h, et la motivation revient. Demain, je pars pour 3 jours de marche, ils annoncent du beau lundi, moins beau les 2 autres jours… Je croise les doigts.
Jour 3
🥾 29 km – 6h15 de marche – 752 mètres dénivelé +
Je pars sous le soleil pour ma 3e journée de marche, qui commence direct par une immense estive avec des vaches à contourner. Je passe sous les barbelés comme d’hab, j’avance, puis me reglisse sous les barbelés pour retrouver le chemin, quand je sens une grande claque entre les omoplates ! Je me suis pris le jus de la clôture électrique, ça réveille en tout cas !
Le chemin fait à peine 1 mètre de large entre les barbelés, quand un joli lac se dévoile. Et là bim, encore des vaches à contourner, cette fois il y a deux troupeaux, je vise donc au milieu dans une espèce de tourbière énorme en les surveillant du coin de l’œil. Je ne fais pas la maligne !
J’avance j’avance j’avance sur de petites routes, avant une super pause dej sous un arbre, en observant le bal des rapaces dans le ciel. Ca change tout de déjeuner en t-shirt et en short ! Je suis motivée pour bien avancer avec ce soleil, donc je trace ma route, je quitte le bitume pour les sentiers, puis la forêt où il y a plusieurs cueilleurs de myrtilles, puis à nouveau une sente de gravier au milieu des hauts plateaux. On se croirait en Mongolie !
Pisco commence à fatiguer au bout de 6h30 de marche et moi aussi. J’ai le syndrome du « ça sera peut être mieux plus loin » pour poser ma tente, mais je finis par l’installer le long du sentier quand je vois que je dois traverser une nouvelle estive.
Enfin un chouette bivouac au soleil ! J’ai une douleur à la cheville qui m’inquiète un peu, j’ai l’impression que j’ai le tendon d’Achille gonflé. Je suis sous la tente dès 19h !!!
Je me rends compte que l’eau que j’ai pris pour la soirée n’est pas hyper claire… Tant pis ça fera des anticorps 😁
Jour 4 – Une fin précipitée
🥾 18 km – 4h de marche – 246 mètres dénivelé
Je me réveille après une nuit humide à 7h30, je reçois des gouttes sur la tête, et mon duvet est mouillé. Mauvais signe !
J’ouvre la tente : un temps IMMONDE, on n’y voit rien, fait froid et tout est mouillé… Ni une ni deux après un pipi pour Pisco, on retourne sous la tente jusqu’à 9h du mat en espérant que ça se lève.
Ça ne se lève pas. Pas du tout du tout. La météo annoncée s’est dégradée : temps pourri toute la journée, pluie toute la nuit et la journée de demain. Et mon tendon n’est pas au top de sa forme non plus… Je décide qu’il vaut mieux rentrer, certes je veux me préparer pour de longs treks, mais je ne suis pas venue non plus pour galérer sous la pluie et dans le froid.
Je repars et je sens que ça va être long, car j’ai vraiment mal au tendon. Au bout de 200 mètres à peine, j’ai l’idée lumineuse de vérifier qu’il n’y a pas plus court que les 30 bornes d’hier pour rentrer. Et si, il y a !
Ce sera « seulement » 18km avalés en 4h pour retrouver le camion. 4h avec une douleur au tendon d’Achille c’est long, très long, très très trèèèès long. J’échange des bonjours joyeux avec les rares personnes que je croise mais en vrai, je n’en mène pas large.
J’atteins mon camion vers 14h, j’ai mangé seulement des barres de céréales et des pâtes d’amande car j’avais trop envie du repas qui m’attend : des spaghettis au pestooooo.
Le déluge arrive juste après moi, je suis donc soulagée d’avoir pris la décision d’arrêter un jour plus tôt ma rando. Je mange dans mon coffre en mode galérienne, un café brûlant et je me roule en boule sous la couette pour 3h merveilleuses de sieste. Pisco écrase lui aussi sans broncher.
Le Tour du Cézallier avec un chien
Il faut savoir que le Cézallier est une terre d’élevage, et que les chemins de randonnée traversent les estives où paissent les vaches Salers. D’apparence paisibles, elles peuvent se révéler très vives si elles se sentent menacées, notamment par un chien, et encore plus si elles ont leur veau avec elle ! La recommandation est donc de les contourner largement et de tenir son chien en laisse.
Il y a également de nombreuses échelles à emprunter pour passer d’une estive à l’autre : j’ai parfois eu du mal à y faire passer mon chien qui est de taille moyenne.
Le tour du Cézallier avec un chien est donc possible, mais vous aurez des détours hors sentier à faire plusieurs fois par jour pour éviter les vaches !
Conclusion sur le Tour du Cézallier
Je suis contente d’avoir vécue cette aventure, qui clairement aurait eu une toute autre saveur avec plus de soleil !
Aujourd’hui, je sais que ma douleur au tendon était due à une paire de chaussures non adaptée, pas suffisament testée avant le départ… Une erreur de ma part !
Les paysages étaient vraiment superbes, et c’est un itinéraire assez sauvage comme je les aime : peu de monde et peu de villages traversés. Cette randonnée doit être très belle également au printemps et à l’automne quand la nature se pare de ses plus belles couleurs.
Attention cependant, cet itinéraire proposé par I-Trekkings est très physique, et nécessite une bonne condition physique au préalable.
Des questions ? N’hésitez pas à m’écrire dans les commentaires !
Salut ! Je suis tombée sur ton blog en cherchant des suggestions de harnais etc pour la rando canine. Vendredi on tente le bivouac pour la première fois avec mon chien pile sur deux étapes sud du Cézallier (avec prévision de pluie aussi) ! Drôle de hasard (pas première itinérance mais premier bivouac) Par contre, effectivement ce n’est pas pratique pour les chiens et des vaches +++ car… la boucle est strictement interdite aux chiens ! (sites officiels de la région) à cause justement des nombreuses estives, et de Godivelle. Mais bon ! Merci pour ton article
Hello, c’est étrange parce que je me renseigne vachement avant une rando, et je n’avais pas vu d’interdiction… Ni sur place, absolument aucun panneau interdisant les chiens ! Tu me diras si tu as vu des panneaux ? Dans ce cas, la règlementation aurait changé 🙁 ! Bonne balade
J’ai fait la boucle nord du Cezallier debut mai en 5jours. Merveilleuse marche sous le soleil au milieu de milliers de fleurs: orchis, anémones, jonquilles…etc…
Merci Françoise, c’est bon à savoir… Je commençais justement à avoir envie d’y retourner 🙂 !
Merci pour le retour d’expérience, ça a vraiment l’air magnifique ! J’aimerai faire la rando en Septembre avec ma chienne qui a l’habitude d’être promenée sans laisse, sais tu si elle est obligatoire du coup ? Merci 🙂
Salut Yoann, oui les paysages sont vraiment très beaux et c’est une rando sauvage comme on les aime !
Je n’ai vu aucun panneau indiquant que les chiens devaient être tenus en laisse, donc je dirai pas de soucis pour le libre surtout si elle est habituée et qu’elle a un bon rappel ! Garde là juste bien près de toi si tu passes près de vaches, les Salers sont connues pour leur caractère assez vif et la présence de ta chienne peut les stresser… Profitez bien tous les deux !
Salut !
Merci pour cet article c’est chouette d’avoir ton retour d’expérience.
Je souhaite faire cette rando fin mai avec mes 2 chiennes. Lorsque tu dis qu’il y a des échelles pour passer d’estive en estive, ça se présente comment exactement ? Il n’y a pas moyen de les contourner ? Parce qu’en porter 1 pourquoi pas.. mais 2 …
Salut Do et merci pour ton message ! La dernière photo de l’article montre une de ces fameuses échelles, ça se présente comme 3 marches un peu raides à monter puis redescendre… Elles permettent de passer au-dessus des barbelés. Je dirai que dans 99% des cas j’ai réussi à faire passer mon chien sous les barbelés, j’ai dû le porter une fois ou deux. Elles peuvent être compliquées à contourner car les estives sont très grandes et cernées de barbelés. J’espère avoir répondu à ta question !
Très chouette cet article ! Il retranscrit clairement le vécu d’une sacrée épopée ! Beau défi relevé malgré le temps et ce satané Achille
Merci Marine J’espère que le tendon ne fera pas des siennes sur la West Highland Way !