Nous quittons rapidement Bichkek, la capitale kirghize pour partir à Karakol, à 300 km vers l’Est. Karakol est une ville relativement importante du Kirghizistan (environ 60 000 habitants), dernière grande agglomération avant les frontières kazakhe et chinoise. Nous avons choisi de nous y rendre car tous les dimanches matin se tient l’un des plus grands marché aux bestiaux du pays. Une expérience authentique recommandée par de nombreux voyageurs !

Quitter Bishkek pour Karakol

Pour se déplacer au Kirghizistan, les habitants empruntent des marouchkas, des minibus d’une vingtaine de places. Certaines marouchkas ont un numéro de ligne, avec des horaires précis, tandis que d’autres partent simplement lorsqu’elles sont pleines. Pour faire le trajet Bishkek – Karakol, rendez vous à la gare routière de l’Ouest et demandez à aller à Karakol. Ce voyage, d’après notre hôtel, coûte 350 soms (4,5€) par personne. Le chauffeur nous demande 500 soms, par principe nous négocions pour le faire baisser à 450 soms par personne, la différence de prix n’est pas énorme pour nous.

Nous voilà assis dans notre minibus, nous attendrons le départ durant 1 heure. Une recommandation générale au Kirghizistan est de ne pas prévoir des horaires serrés lors de vos déplacements, car les durées de transport entre deux villes et les horaires de passage des bus sont aléatoires ! Nous apprendrons plus tard que prendre un taxi est à peine plus cher que le minibus. Cela peut donc valoir le coup de partager un taxi avec d’autres voyageurs, même si je trouve personnellement qu’il serait dommage de manquer l’expérience d’un trajet en minibus avec les locaux.

Nous faisons sur la route un rapide stop dans une espèce de restaurant routier. Les paysages sont beaux, mais je ne peux pas m’empêcher de m’endormir (car la route est en bon état…), jusqu’à ce que notre chauffeur nous débarque et nous indique par gestes que nous devons prendre une autre marouchka, qui ne nous demande pas de payer un 2e billet. Un peu déroutant mais nous nous adaptons ! Celle-ci est pleine à craquer, je suis assise à côté du chauffeur sur un tout petit siège. Cela me permet de remarquer que l’intégralité des voyants du tableau de bord sont allumés en rouge : freins, pneus, ABS… Rassurant ! 😅

Une fois arrivés à bon port, nous nous rendons au bureau du CBT. Chaque ville ou presque possède un CBT (Community Based Tourism), agence censée garantir que ce sont des locaux qui bénéficient du tourisme, de façon équitable. L’agence de Karakol étant fermée lors de notre passage, nous nous rendons par conséquent dans une autre agence auprès de laquelle nous prenons des informations sur les possibilités de randonnée dans le coin. Nous réservons un taxi à 500 soms pour le lendemain, pour nous rendre dans la vallée de Karakol, un parc national. Nous dînons au Fat Cat Café, recommandé par le Lonely Planet. Nous trouvons les pizzas très moyennes !

Randonnée dans la vallée de Karakol

Nous voici donc partis en taxi pour la vallée de Karakol. A l’entrée du parc, on nous demande de payer un supplément de 50 soms. Le taxi nous dépose au bord d’un sentier, nous indique que c’est de là que nous devons partir. Nous commençons à marcher dans une ambiance un peu étrange. Nous sommes complètement seuls, le sentier n’est pas balisé. Nous sommes bizarrement un peu stressés ! Une jeep nous double une heure plus tard, avec 2 gardes très souriants  son bord. Cela contribue sûrement à ce que nous nous détendions, quelques kilomètres plus loin.
Nous décidons de marcher 4 heures au maximum, car nous devons ensuite trouver un moyen de transport pour rentrer en ville. Nous traversons de verdoyantes vallées, le lit d’une rivière asséchée, une forêt épaisse. L’air est vif et piquant, assez frais ! Alors que nous approchons de l’heure de notre pique-nique, le temps commence à changer. Nous engloutissons rapidement notre encas car une tempête de neige semble se préparer !

Nous faisons demi-tour comme prévu après deux heures de marche. Nous avons croisé un couple qui revenait avec du matériel de camping et qui avait sans doute passé une nuit dans la vallée. Il y a de belles possibilités de randonnée lorsqu’on s’enfonce plus loin dans le parc, avec des paysages qui semblent devenir de plus en plus montagneux. Je regrette d’avoir eu à faire demi-tour, d’autant que le temps est rapidement revenu au beau fixe ensuite !! Nous croisons également deux français avec qui nous décidons de dîner le soir-même. Nous aurons donc croisé 4 personnes en 4 heures 😁

Au retour, nous allons voir des kirghizes, venus en voiture profiter des tables de pique-nique à l’entrée du parc. Une femme accepte rapidement de nous ramener en ville moyennant finance. Ici tout le monde s’improvise taxi ! Cette randonnée nous a offert un sympathique avant-goût des paysages kirghizes. Nous dînons avec dix (!) français au Zarina Café, cela tombe bien car c’est mon anniversaire 🤗. Boris retrouve par hasard un de ses anciens collègues, le monde est vraiment petit…

Visite du marché aux bestiaux de Karakol

Nous nous levons à 7 heures pour nous rendre au marché aux bestiaux. Nous sommes venus à Karakol uniquement pour cette expérience ! Nous montrons au chauffeur de taxi une photo d’un marché aux bestiaux quelconque, préalablement chargée sur notre téléphone, car nous n’avons aucune idée de l’endroit où a lieu celui de Karakol. L’odeur d’essence dans le taxi est insoutenable ! Nous débarquons dans une ambiance surréaliste : sous la neige qui tombe à gros flocons, et dans la nuit, des centaines de bêtes et au moins le double de personnes se pressent sur une immense esplanade.

Chacun est venu avec son ou ses animaux à vendre. Il y a le coin des taureaux, celui des vaches, celui des chevaux, et celui des moutons. Certains n’ont qu’une seule vache à vendre ! Ils attendent en la tenant par une simple cordelette. Lorsqu’un acheteur est intéressé, ils discutent, mesurent son ventre, regardent les dents… Et la vente se conclue, la cordelette change alors de mains. Il faut être prudent notamment au niveau des chevaux. Les animaux sont attachés court, il y a beaucoup de promiscuité et de bruits. Les kirghizes essayent les chevaux en les lançant au galop, en les malmenant, ils n’hésitent pas à traverser la foule qui s’écarte rapidement. Attention donc à ne pas prendre un coup de sabot !
Nous restons plusieurs heures tant il y a à voir et à observer. De nombreux kirghizes nous abordent dans un anglais hésitant afin de savoir d’où nous venons, si nous aimons leur pays, si nous sommes mariés (!)… C’est vraiment chouette de pouvoir échanger ainsi avec eux.

Nous partons en fin de matinée, je suis émerveillée par ces quelques heures que nous avons vécues. Un moment complètement authentique et extrêmement dépaysant. Nous allons nous remettre de nos émotions au Dastorkon Café sur les conseils des français rencontrés la veille. C’est le meilleur restaurant depuis notre arrivée dans le pays ! Nous décidons pour l’après-midi de nous rendre sur les rives du lac Issyk-Kul. Je m’imagine une promenade, un ponton, peut-être même un glacier ? Vous vous en doutez, je suis loin de la réalité.

Sur les rives du lac Issyk-Kul

Nous trouvons un taxi à qui nous essayons d’expliquer notre projet. Il comprend que nous souhaitons nous rendre au musée Prjevalski, du nom de cet explorateur russe qui mena de nombreuses expéditions dans la région. Qu’à cela ne tienne, nous décidons d’y aller, puis de nous rendre à pied voir le lac !

Une fois déposés au musée, il nous indique qu’il doit nous attendre car nous ne trouverons pas de taxi au retour. A nouveau, nous acceptons. Dans ce pays, il faut s’adapter ! Quitte à être ici, nous décidons de visiter le musée. Celui-ci est presque vide, et se visite en 10 minutes à peine. Il me rappelle les musées mongols, avec ses animaux mal empaillés et ses explications imprimées sur de simples feuilles blanches, scotchées sur les murs. Au moment de repartir, nous nous rendons compte que la porte a été fermée derrière nous. Et que nous sommes coincés ! La pression monte rapidement, car nous ne trouvons pas de moyen de sortir. Nous essayons de nous rassurer en pensant que notre chauffeur de taxi sait que nous sommes ici. Nous tapons sur la porte pour appeler du monde, un kirghiz s’approche d’une fenêtre, rit et nous fais signe que nous allons mourir ici en se passant le pouce sous la gorge. Cela nous fait moyennement rire ! Au bout d’une dizaine de minutes cependant, je bidouille le loquet et réussit à ouvrir la porte. Ouf, nous ne passerons pas la nuit dans ce musée glauque !

Nous retrouvons notre chauffeur, qui comprend enfin que nous souhaitons voir le lac Issyk-Kul. Il nous amène, puis s’improvise guide en venant marcher avec nous le long du lac. Bien sûr, pas de marchand de glaces ni de ponton, les rives ne sont pas du tout aménagées, voire font office de décharge sauvage par endroit. Mais la vue avec les montagnes enneigées au fond est assez belle. Notre chauffeur, dans son anglais hésitant, nous partage de nombreuses anecdotes sur le lac.

Long de plus de 170 km sur 70 km, il est le deuxième plus grand lac de montagne au monde après le lac Titicaca. Son eau est légèrement salée, et il atteint par endroit 700 mètres de profondeur ! Cela l’empêche de geler malgré l’altitude de 1600 mètres. Au fil des années, le niveau de l’eau a subi d’importantes variations, et le lac a englouti des villages que les archéologues ont par la suite révélés.

Les monuments de Karakol

Après une petite marche, notre chauffeur nous ramène en ville pour voir la mosquée de Karakol. Nous croisons une yourte où de nombreux musulmans sont venus pour une célébration (mais nous ne comprenons pas laquelle), ainsi qu’une immense décharge à ciel ouvert où volent des centaines de rapaces, attirés par les déchets. Notre chauffeur fait un arrêt et un détour pour offrir à des policiers des boissons énergisantes. Il nous explique qu’ils sont amis car étant taxi, il les croise souvent. Est-ce un moyen de s’attirer leurs bonnes grâces ? Nous ne cessons d’être surpris par ce pays.

Nous donnons à notre chauffeur 700 soms (9€), au lieu des 600 demandés, car il est vraiment sympa, et nous a guidés en plus de nous conduire durant 3 heures. Nous nous rendons à pied à la mosquée de Karakol, ainsi qu’à l’église orthodoxe. Si ces deux bâtiments sont jolis de l’extérieur, leur intérieur vaut selon nous moins le coup.

Nous dînons au café Lovely Pizza, ce qui nous permet de décider de façon officielle qu’il faut arrêter de commander des pizzas au Kirghizistan, et changeons nos plans pour la suite du voyage. Nous voulions en effet nous rendre à Osh, dans le sud-ouest du pays, mais la route est apparemment fermée à cause de la neige. C’est un voyage qui prend une douzaine d’heures par la route en temps normal. Nous décidons donc d’annuler ce projet, ce qui nous permet aussi de faire plus de choses quitte à moins voir du pays. Nous choisissons de nous rendre le lendemain dans la vallée de Jyrgalan, décrite comme un petit bout du monde, par la marouchka de 8h30… Stay tuned !

Où dormir à Karakol ?

Nous avons dormi dans la guest house Tunduk (34€ pour 3 nuits), recommandée par le Lonely Planet et par de nombreux voyageurs. Nous avions la maison pour nous (possibilité de cuisiner), ainsi qu’une grande chambre. Cependant, il faisait extrêmement froid dans celle-ci, ce qui était assez désagréable durant la journée. Aussi, je ne recommande pas forcément cet endroit pour un voyage au début du mois de mai, quand les températures sont encore fraîches.

Où manger à Karakol ?

  • Fat Cat Café : ce restaurant emploie des femmes de la région, et reverse une partie de ses bénéfices au développement économique et culturel de celle-ci. Une belle initiative à soutenir ! Les pizzas étaient correctes. Il y a certains soirs pas mal d’ambiance à ce qu’il paraît !
  • Zarina Café : un très bon restaurant pour déguster des plats traditionnels, situés dans le centre de la ville. Nous y avons dîné deux fois !
  • Lovely Pizza : recommandé pour ses excellentes pizzas, nous avons trouvé cela assez moyen. L’accueil était par contre sympathique.
  • Café Dastorkon : l’un des meilleurs restaurants où nous ayons mangé au Kirghizistan. Bonus : l’équipe parle un peu anglais et la carte est disponible en anglais !

Que faire à Karakol ?

  • Le marché aux bestiaux : c’est l’un des plus grands du pays. Il se tient tous les dimanches à partir de 5 heures du matin. Nous nous y sommes rendus vers 7h30, il commence à se vider en milieu de matinée. Une expérience incroyable !
  • L’église orthodoxe et la mosquée doungane valent le détour, au moins pour les admirer de l’extérieur.
  • Le musée Prjevalski : à réserver aux fans d’exploration et d’aventure, ce musée est tout petit et assez vétuste. Vous pouvez cependant vous faire enfermer à l’intérieur, ce qui peut être assez rigolo (ou pas) pour vivre une expérience façon « nuit au musée »
  • La vallée de Karakol : ce parc national offre de belles possibilités de randonnée. Les plus beaux paysages seront réservés à ceux qui y passeront au moins une nuit (plus d’infos ici, section Karakol), mais une balade d’une journée comme nous l’avons fait est déjà très sympathique.
  • Le trek d’Altyn Arashan : cette station thermale offre la possibilité de se baigner dans des sources chaudes à plus de 3000 mètres d’altitude et de randonner vers le glacier Palatka. Il est possible de la rejoindre depuis Karakol en s’avançant en 4×4. Toutes les agences de la ville vous proposeront d’organiser ce trek. Nous l’avons zappé pour cause de neige et de manque de temps !

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