Le Sentier des Pêcheurs est un trek de de 226 km de long sur la côte Sud-Ouest du Portugal, qui relie les villes de São Torpes et Lagos. Il passe par le Cap Saint-Vincent (cabo de São Vicente), le point extrême sud-ouest de toute l’Europe ! Ce parcours a été inauguré en 2013, en même temps que le parcours appelé « Chemin Historique ». Tandis que le Sentier des Pêcheurs est avant tout un sentier côtier, qui longe au maximum la côte sur des chemins sablonneux, le Chemin Historique est plus à l’intérieur des terres sur des chemins ruraux. Au mois d’avril 2023, j’ai parcouru les 10 premières étapes du Sentier des Pêcheurs, entre São Torpes et le Cap Saint-Vincent. Voici mes impressions et mes conseils pour réaliser cette randonnée, qui est l’une des plus belles du Portugal.

💡 Bon à savoir 

  • Il existe des organismes qui peuvent vous accompagner dans les réservations d’hôtel et organiser un portage de bagages pour faciliter ce trek assez physique. Il est aussi possible de dormir au camping.
  • Le bivouac sauvage est théoriquement interdit au Portugal. Par ailleurs, le sable et l’aridité du milieu le rendent difficile car il n’y a pas de ravitaillements en eau en dehors des villages.
  • Les températures sont élevées au Portugal, il convient d’éviter les mois de juin à août, voire même mai et septembre si vous souhaitez, comme moi, faire cette randonnée avec votre chien. 
  • Le trek est balisé dans les deux sens. Nous avons décidé de l’effectuer dans le sens Nord > Sud, afin de commencer par la partie plus urbanisée et d’aller vers le plus sauvage.

Bien se préparer pour le Sentier des Pêcheurs

Comment se rendre au départ ?

Pour vous rendre au départ du Sentier des Pêcheurs à São Torpes, voici quelques options de transport :

  • En avion ✈️ : L’aéroport le plus proche est celui de Lisbonne, il y a également celui de Faro. Une fois arrivé(e) à l’un de ces aéroports, vous devrez prendre un moyen de transport terrestre pour rejoindre São Torpes.
  • En train ou en bus 🚍 : Depuis Lisbonne, un bus permet de rejoindre São Torpes. Depuis Faro, un train permet de rejoindre Lagos, notamment si vous voulez commencer par le Sud. L’excellent site rome2rio vous permettra de trouver toutes les options de transport possibles selon vos points de départ et d’arrivée.
  • En taxi 🚕: Uber fonctionne au Portugal. Vous pouvez sinon téléphoner à une compagnie de taxi locale (en cherchant dans Google Maps, échanges en anglais la plupart du temps). Attention cependant à la facture (nous avons par exemple payé 50€ entre le Cap Saint-Vincent et Lagos).
  • En stop 🚘 : lever le pouce fonctionne très bien au Portugal !

👉 De nombreux randonneurs démarrent le Sentier des Pêcheurs à Porto Covo plutôt qu’à São Torpes, car la première étape entre ces deux villes dure seulement 2 heures. De notre côté, nous avons décidé de conserver cette étape pour une petite mise en jambe, d’autant que le deuxième jour est une étape très physique. A vous de voir !

Et le retour ?

Comme à l’aller, bus, trains ou taxis vous permettront de revenir facilement à Lisbonne ou Faro.

west highland way

Préparer son itinéraire

Le bivouac sauvage est interdit au Portugal (bien que beaucoup le pratique), et de surcroît compliqué sur le Sentier des Pêcheurs en raison du terrain et de l’aridité. L’option la plus simple est de suivre les étapes officielles créées par l’association qui gère le sentier, la Rota Vicentina, afin de trouver un point de chute chaque soir.

Celles-ci sont décrites sur le site, les distances et durées de marche sont bien évaluées, et vous pouvez télécharger les traces GPX sur chaque étape. 

Le balisage (bleu-vert) est globalement facile à repérer et vous aurez souvent d’autres randonneurs visibles autour de vous. Vous pouvez acheter le guide de la Rota Vicentina (en anglais), mais nous avons réussi à nous débrouiller sans !

👉 Remarque sur le balisage : le Sentier des Pêcheurs est balisé en bleu-vert, et le sentier Historique en rouge-blanc. Sur certaines rares sections, les sentiers empruntent les mêmes chemins, vous devrez donc suivre le balisage rouge-blanc.

village d'Odeceixe sentier des pêcheurs
itinéraire Sentier des Pêcheurs

Le ravitaillement en eau et en nourriture

Il est très facile de se ravitailler en nourriture si vous suivez les étapes officielles, car vous serez chaque soir dans un village avec une supérette. Sur certaines étapes, on traverse également des villages en milieu de journée. Certains campings sont parfois éloignés de quelques km des villages, mais ils disposent en général d’un petit magasin. Nous avons donc toujours réussi à faire nos courses, et j’ai également eu plusieurs fois recours au stop pour aller au supermarché : j’ai rapidement été emmenée par des Portugais très sympas !

Concernant l’eau, attention car il n’y a en général pas d’eau pour se ravitailler en cours d’étape. Il faut donc prévoir le matin la quantité dont vous aurez besoin jusqu’à la fin de la journée, et cela peut vite monter quand on randonne avec son chien et qu’il fait chaud ! J’ai parfois été juste en emportant 2 litres, je vous conseille de prévoir plutôt 3 litres pour être large.

ravito sur le sentier des pêcheurs
ravitaillement

Les hébergements sur le Sentier des Pêcheurs

Voici les différentes possibilités d’hébergements sur le sentier des Pêcheurs :

  1. Le bivouac sauvage : interdit au Portugal, et de surcroît compliqué sur ce trek aride
  2. Dormir sous la tente au camping : avec plus ou moins de confort en fonction de votre matériel, et de monde selon les campings et les jours de la semaine.
  3. Dormir sous la tente chez l’habitant : un peu par hasard, on a trouvé une maison d’hôtes qui acceptait les campeurs dans son jardin. Voir le détail des étapes !
  4. Dormir en mobil-home ou tente « glamping » : déjà un peu plus confortable que la tente, et vous aurez moins de matériel à porter. Par contre, vérifiez à l’avance que votre chien sera accepté !
  5. Les hôtels, chambres d’hôtes, etc : le plus confortable et le plus cher. Vérifiez également que les chiens sont acceptés, et réservez bien en avance car certains petits villages n’ont pas beaucoup de capacité d’accueil.

👉 Remarque : le site de la Rota Vicentina répertorie des hébergements partenaires de l’Association, qui, d’après eux, proposent des prix spéciaux si vous réservez via le site. N’hésitez pas cependant à comparer et chercher par vous-mêmes sur AirBnB, Booking, et même sur Google Maps pour trouver des chambres d’hôtes tenues par des familles et donc un peu moins chères.

💡 Faut-il réserver le plus tôt possible ?

Pas besoin de réserver en avance pour planter la tente au camping. Pour le reste des hébergements, mieux vaut s’y prendre quelques semaines avant votre trek !

Pensez à voyager avec votre passeport ou carte d’identité car on vous les demandera systématiquement, même dans les campings. 

chaussures de randonnée
équipement

L’équipement

Afin de vivre une expérience agréable sur le Sentier des Pêcheurs, le poids de votre sac doit être votre principale préoccupation. 

Un sac trop lourd va créer des ampoules et des douleurs très compliquées à gérer, et qui peuvent même vous obliger à abandonner en cours de route.

Dans l’idéal, votre sac ne doit pas dépasser 10 kg, en incluant l’eau et la nourriture (3 à 4 kg) ! Cela vous laisse donc la place pour 6 à 7 kg d’équipement.

J’ai dressé la liste générale de ce que j’emporte dans mon sac ainsi qu’écrit un article avec mes conseils pour savoir comment s’habiller en rando, je vous laisse les consulter.

Sur le Sentier des Pêcheurs, j’ai fait l’impasse sur plusieurs choses :

  • Le matériel pour cuisiner (réchaud, kit popote) : j’ai emporté simplement mon opinel et 3 bidons pour l’eau. En raison de la chaleur, manger chaud n’est pas du tout aussi important que sur d’autres randonnées.
  • J’ai pris une seule couche chaude, ce qui était largement suffisant !
  • J’ai fait l’impasse sur les bâtons de marche, car le dénivelé n’est pas très important sur cette randonnée. Il y a tout de même quelques descentes techniques et passages en haut de falaises : les bâtons peuvent vous rassurer.

Voici la liste de mon matériel sur ce trek : 

💡 Évitez ces erreurs courantes

  • Ne commencez jamais une randonnée avec des chaussures neuves : assurez-vous de les avoir préalablement essayées dans des conditions similaires (durée et charge du sac à dos) pendant plusieurs jours.
  • N’emportez pas un sac pesant plus de 10-11 kg.
  • Évitez d’apporter des objets « juste au cas où » : la plupart du temps, vous n’aurez pas besoin de ces articles supplémentaires. En cas de problème sérieux, l’assistance ne sera pas loin !

La condition physique

Le Sentier des Pêcheurs est-il un trek difficile ?

La réponse dépend de plusieurs paramètres :

  1. Votre condition physique de base (sportif ou sédentaire)
  2. Le poids de votre sac, qui dépend aussi du mode d’hébergement choisi
  3. Les conditions météo (fortes chaleurs ou non)

En tout cas, c’est une randonnée qui comporte plusieurs passages en haut de falaises, ce qui peut poser problème aux personnes qui souffrent de vertige.

Il y a peu de passages techniques et de dénivelé, mais pas mal de sable mou, ce qui ralentit la progression !

Quoi qu’il en soit et que vous marchiez avec ou sans sac à dos, je vous conseille de vous entraîner au préalable dans des conditions similaires, en marchant par exemple pendant 2 ou 3 jours consécutifs.

Appliquez des pansements Compeed sur vos ampoules dès que vous ressentez une légère friction, puis laissez le pansement en place jusqu’à ce qu’il se détache de lui-même (c’est conçu pour cela). Faites en sorte d’aérer vos pieds le soir et pendant les pauses. Enfin, gardez à l’esprit que la bière ne vous hydrate pas 😉 et qu’une bonne hydratation est essentielle pour minimiser les risques de blessures !

Quelle est la meilleure saison pour faire le Sentier des Pêcheurs ?

La meilleure saison pour faire le Sentier des Pêcheurs au Portugal se situe généralement au printemps et à l’automne, voire en hiver. Dès le mois de mai, les températures peuvent être très élevées.

En avril, nous avons déjà eu des températures très chaudes (29 degrés). J’ai eu des échos de randonneurs qui avaient vraiment souffert de la chaleur en juin (alors qu’on lit sur Internet que c’est un mois recommandé pour faire ce trek…).

En me basant sur ma propre expérience, je vous conseillerai de faire cette randonnée en octobre, novembre, février, mars ou avril. Les mois de décembre à février sont également possibles ; il peut simplement y avoir plus de pluie et vous devrez vérifier que les campings sont ouverts.

loch lomond
sentier des pêcheurs

Peut-on faire le Sentier des Pêcheurs seule quand on est une femme ?

C’est une randonnée sur laquelle on se sent très en sécurité, car on croise de nombreux randonneurs et on traverse des villages chaque jour. D’ailleurs, il y avait de nombreuses randonneuses solo !

​Le Sentier des Pêcheurs avec un chien

Il y a énormément de chiens au Portugal dans les jardins, mais vous en croiserez peu sur le Sentier des Pêcheurs, à l’exception des plages. 

Tous les hébergements ne sont pas dog-friendly, mais nous en avons quand même trouvés, et la plupart des campings acceptent les chiens. 

Les chiens sont acceptés dans le train, en prenant un ticket pour eux (prix réduit). La muselière est obligatoire et vous devez avoir en votre possession l’original du carnet de vaccination. La plupart des taxis acceptent les chiens. Je n’ai pas pu tester dans le bus, n’hésitez pas à m’écrire si vous avez testé pour que je puisse compléter l’article !

Pour emmener votre compagnon à 4 pattes sur le Sentier des Pêcheurs, il faut que comme vous, il soit entraîné à l’effort physique qu’il va devoir fournir. Une préparation des coussinets avec une crème protectrice est recommandée (pour ma part j’utilise le Solipat pour tanner les coussinets et la crème Canopset pour hydrater).

Il y avait énormément de tiques sur le sentier (jusqu’à 10 par jour…), pensez à emporter un tire-tique et à prévoir un répulsif. 

Enfin, les fortes chaleurs peuvent être dangereuses pour les chiens. Surveillez le bien, emportez suffisamment d’eau pour lui, et éviter de marcher aux heures les plus chaudes de la journée. 

Si vous souhaitez ne rien oublier, j’ai dédié un article complet à l’équipement du chien pour randonner.

 

le sentier des pêcheurs avec un chien

Les étapes du Sentier des Pêcheurs

Jour 1 : São Torpes – Porto Covo (10 km – 2 heures 40)

➡️ Voir l’étape et télécharger la trace GPX

1er jour de marche, nous quittons le camping de São Torpes en direction de Porto Covo, où nous avons prévu de passer la nuit au camping municipal.

Nous partons tranquillement car aujourd’hui l’étape est courte (10 km). Nous entrons rapidement dans le vif du sujet puisqu’on marche dans le sable mou, et clairement c’est fatiguant et on n’avance pas !

Les vues sont belles sur la côte, malgré les porte-conteneurs du port industriel de Sines qui n’est pas loin.

départ de Porto Covo

Le temps est assez frais avec le vent. Nous arrivons déjà à Porto Covo en fin de matinée, donc nous profitons de l’animation de cette petite station balnéaire fréquentée majoritairement par les Portugais sur ce weekend de Pâques !

L’après-midi sera consacrée à l’installation des tentes, une petite sieste, et le dîner au snack du camping où on nous sert des portions de lasages énormes pour 5€ ! La nuit sera plutôt bonne, malgré nos voisins bruyants jusqu’à minuit…

Jour 2 : Porto Covo – Vila Nova de Milfontes (22 km – 5h30)

➡️ Voir l’étape et télécharger la trace GPX

Nous quittons rapidement les ruelles pavées aux maisons blanches de Porto Covo pour rejoindre le littoral. Comme la veille, la brume s’élève de l’océan, tandis que nous apercevons au loin les silhouettes des marcheurs sur la plage.

Nous y arrivons à notre tour et Pisco est trop heureux de pouvoir courir et se baigner !

Nous déjeunons à mi-chemin au niveau de la plage de Malhão, très sauvage, presque vide, et surplombée de nombreuses passerelles en bois permettant de profiter de la vue.

Vue de Conic Hill

 Après le déjeuner, nous partons en direction de Vila Nova de Milfontes. La température grimpe vite et nous sommes au-dessus de l’océan, Pisco ne peut donc pas se rafraîchir et réclame de s’arrêter à l’ombre.

Je décide de lui porter son sac de bât et heureusement, nous arrivons à un café à 14h30, ce qui offre une pause à l’ombre bien méritée pour tout le monde ! Il reste ensuite 45 minutes pour rejoindre le camping. Il y a deux à Vila Nova de Milfontes, mais seul le camping Milfontes accepte les chiens sous les tentes.

Nous dînons à nouveau au snack du camping, une pizza et une paëlla industrielles, mais réconfortantes tout de même. 

Jour 3 : Vila Nova de Milfontes – Almograve (13.5 km – 3h)

➡️ Voir l’étape et télécharger la trace GPX

Au départ de Vila Nova de Milfontes, 2 options s’offrent à vous : suivre le tracé officiel qui traverse la ville et emprunte un pont assez passant, ou traverser le Rio Mira grâce au ferry (5€ par personne). C’est l’option que nous avons choisie, qui raccourcit la journée d’1.2 km et permet de faire un petit tour en bateau (chiens acceptés gratuitement) 😉

Après le ferry, le sentier retourne vers l’océan en étant très exposé au soleil… Avant de s’enfoncer dans la forêt qui borde les falaises. C’est un moment assez fun car le sentier est clairement entretenu à la main, et forme une trouée vraiment étroite dans la végétation… Ce couloir de verdure est hyper rafraîchissant car abrité du soleil, tellement la végétation est dense !

Quand on en sort, la plage do Brejo Largo s’étend devant nos yeux, tandis que le sentier officiel passe sur les hauteurs… C’est trop tentant, on décide de passer par la plage plutôt que sur le sentier ! D’ailleurs nous ne sommes pas les seules, et comme l’étape du jour est courte, on en profite pour se baigner (ainsi que d’autres randonneurs qui y vont carrément dans le plus simple appareil 😂) !

A Almograve, il n’y a pas de camping. N’ayant pas encore eu le réflexe de chercher à planter la tente dans le jardin d’un particulier, nous avons trouvé un appartement sur Booking qui accepte les chiens (bien que cela ne soit pas marqué dans la description !) au village d’à côté, Longueira. Grâce à l’indispensable application Maps.me (voir mon article sur les apps indispensables pour la randonnée), nous trouvons des sentiers transversaux pour rejoindre le village sans passer par Almograve. Nous arrivons tôt et profitons de l’après-midi pour laver nos fringues et faire sécher les tentes humides de la veille. Qui dit appartement dit aussi cuisine et vrai lit, c’est donc le ventre plein de tagliatelles à la carbonara que nous allons nous reposer 😊

Jour 4 : Almograve – Zambujeira do Mar (24 km – 5h30)

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Une longue étape nous attend ! Annoncée à 21.5 km sur le site officiel, nous devons rajouter la route entre Longueira (notre appart’) et Almograve le matin, puis le soir rejoindre le camping de Zambujeira Do Mar qui n’est pas en plein centre. Nous longeons la route bitumée pour rejoindre Almograve et ne pas trop allonger l’étape, ce n’est pas la partie la plus fun. Une fois le départ officiel atteint, nous traçons sans attendre car les autres randonneurs, que nous voyons chaque jour ou presque, sont aussi en train de se mettre en route.

Comme toujours, le sentier rejoint l’océan, mais pour la première fois le sable prend une couleur rouge-ocre intense, que je n’avais jamais vue jusqu’ici ! C’est dans ce décor assez lunaire, pour ne pas dire martien, que nous cheminons vers le phare du Cap Sardão. Après un panorama qui me fait penser à la pointe de Pen-Hir en Bretagne, ce sont des falaises absolument vertigineuses qui s’offrent à nous, constituées de couches quasiment verticales, on les croirait ciselées par un géant. 

Ces paysages sont parmi les plus beaux du Sentier des Pêcheurs à mon goût ! 

Après le phare, nous repérons un arbre à quelques dizaines de mètres du sentier qui nous permettra de pique-niquer à l’ombre… Il faut dire que les températures commencent à grimper et que ce n’est pas toujours simple à gérer pour Pisco ! Nous continuons à cheminer principalement au soleil. Une espèce de mare inespérée permet à Pisco de se baigner intégralement, puis c’est dans le pittoresque « Porto das Barcas » qu’il peut se mettre à l’eau. On entame alors la dernière ligne droite de l’étape, et c’est le cas de le dire puisqu’il s’agit de 4 km le long de la route sans aucun point de vue intéressant 😅 

Si vous êtes un peu fatigués, n’hésitez pas à lever le pouce car vous ne manquerez pas grand chose sur ce tronçon. Un dernier effort une fois le village de Zambujeira atteint, afin de rejoindre le camping. C’est l’un des plus animés et modernes du Sentier, seul point négatif l’espace pour les tentes est hyper sec et sableux. Nous n’avons pas le courage de ressortir dîner en ville, et reprenons la MÊME pizza et paëlla que dans le camping de Vila Nova de Milfontes (c’est donc définitivement du surgelé qui doit livrer tous les campings de la côte !). Nous ne faisons pas long feu et sommes rapidement couchés pour récupérer de cette grosse journée. 

Jour 5 : Zambujeira do Mar – Odeceixe (21 km – 5h)

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Mieux vaut avoir repris des forces, car c’est à nouveau une grosse étape ! Le ciel est voilé à 9h du matin, apportant de la fraîcheur, ce qui n’est pas pour me déplaire. Après environ 1 petite heure de marche, le sentier longe un immense parc clôturé abritant des autruches. Manque de bol, l’une d’elle couve son nid juste à côté de la clôture, et si elle ne semble pas dérangée par les marcheurs, elle n’est pas du tout partante à l’idée de Pisco passant près d’elle ! Elle se fait menaçante en feulant et en gonflant ses plumes, et à l’air de vouloir l’attaquer à travers le grillage 😱. Heureusement, nous pouvons contourner sans faire de gros détour. 

Après quelques passages un peu dénivelés, le sentier s’éloigne de la côte pour traverser toute une zone d’exploitation agricole vraiment pas passionnante. Le temps reste couvert jusqu’à midi au moins, ce qui est très chouette après la chaleur de la veille. Vers l’heure du déjeuner, nous atteignons le village d’Azenha Do Mar. Le café Palhinhas nous autorise à manger notre pique-nique sur sa terrasse, c’est très chouette. Une vingtaine d’autres marcheurs finit par faire de même. Au moment où le café ouvre enfin, c’est la ruée, je réussis à être dans les premiers pour prendre deux parts de gâteaux, ils sont maisons et délicieux ! 😁

Une autruche en rando, clairement, c’est la première fois que ça nous arrive ! 😂

Mathilde & Pisco

Randonneurs mais pas téméraires

Nous repartons ensuite en direction d’Odeceixe, le soleil est revenu et la chaleur avec.

A nouveau, il n’y a pas de camping à Odeceixe même, il faut viser celui de São Miguel à 30 minutes à pied (attention, les chiens n’y sont autorisés que jusqu’au 1er mai). Nous empruntons des chemins de traverse pour couper au plus court, il y a quelques canaux d’irrigation pour que Pisco se baigne. Ces incursions dans les terres permettent de varier un peu du sentier côtier, c’est plutôt sympa !

Le camping est assez vide et la supérette n’a pas de pâtée pour chiens, je dois donc entamer la réserve de croquettes. Heureusement, il y a un petit restau simple qui nous évite de retourner en ville. L’ambiance est bien calme… Quelqu’un a oublié de l’après-shampoing dans les douches, j’en emprunte un peu, ce n’est pas du luxe quand on est en trek 😅

Jour 6 : Odeceixe – Aljezur (23 km – 6h – moins si vous dormez au camping !)

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Comme la veille, nous devons le matin rejoindre Odeceixe pour entamer l’étape « officielle » (30 minutes de marche). Par contre, le seul camping près d’Aljezur (Parque de Campismo do Serrão) est aussi à 30 minutes avant la ville. L’un dans l’autre, l’étape n’est finalement pas rallongée. De notre côté, nous nous trompons en quittant Odeceixe et marcherons finalement 20 km en 4h30 pour cette journée. Le village d’Odeceixe est vraiment joli et vaut le coup d’oeil. La plupart des marcheurs que nous croisons depuis plusieurs jours terminent leur trek ici !

Aujourd’hui, le sentier change radicalement pour des paysages plus verdoyants et agricoles. C’est sympa de voir autre chose ! Il fait toujours chaud, et tandis que nous approchons du village de Rogil, nous nous laissons tenter par une belle salade dans un restau végan ! Il faut dire qu’en rando, les légumes et les fruits manquent vite, donc on décide de refaire le plein de vitamines. Pisco pique un gros roupillon sous la table (les chiens sont accceptés même à l’intérieur !) et nous nous posons donc un bon moment. En repartant, il y a un sacré vent et je sors ma veste pour la première fois.

La longue piste au milieu des pins me rappelle le Bassin d’Arcachon d’où je viens. Nous croisons des marcheurs, mais bien moins qu’auparavant, et aussi quelques cyclistes. Nous déchantons un peu en arrivant au camping : celui-ci est encore plus vide que le précédent, il n’y a ni supérette ni restaurant, beaucoup de vent et des moustiques ! Il nous reste le pique-nique du midi que nous n’avons pas mangé, mais la perspective n’est pas très réjouissante après cette grosse journée de marche… Nous levons le pouce pour nous faire déposer au seul restau à 15 minutes du camping à pied, heureusement on y mange bien !

Jour 7 : Aljezur – Arrifana (17 km – 4h45)

➡️ Voir l’étape et télécharger la trace GPX

L’avantage d’un camping vide, c’est qu’on y dort bien car il n’y a pas de bruit ! 😅

Nous suivons les sentiers sur Maps.me pour rejoindre Aljezur, point de départ officiel de l’étape. La région est bien verdoyante, et ce passage dans les terres nous change du sentier côtier. Après un café et une pastéis de nata au café du marché, nous suivons les marques pour quitter la ville… Par une sacrée montée ! On part ensuite rejoindre la côte via une portion le long de la route peu intéressante et qui dure une bonne heure (c’est le moment de lever le pouce si vous voulez raccourcir l’étape !).

De mon côté, je suis inquiète car je sens la bonne vieille douleur de la tendinite qui se réveille, sur les tendons releveurs du pied… Quelque chose qui m’arrive souvent en randonnée hélas ! (ndlr : je crois avoir compris sur ce trek d’où venaient mes tendinites : simplement la déshydratation ! Après cette étape et 24 heures de pause, je me suis forcée à boire tous les soirs 1.5 litres d’eau minérale. La tendinite a disparu comme par enchantement !)

Avant Monte Clerigo, nous traversons le village d’Espartal : uniquement des villas ultra luxes, très contemporaines, avec des vues incroyables sur l’océan et la rivière Arrifana en contrebas… On aime ou on n’aime pas, mais c’est en tout cas assez marrant de se balader au milieu de ces maisons complètement folles !

On retrouve ensuite un sentier sableux typique de ce trek, ainsi que des pêcheurs en pleine action sur les falaises… Nous les observons quelques minutes et il faut dire que ça mord super bien ! On est loin de la pêche à la ligne tranquille au bord d’un étang 😂 

Le joli village de Monte Clerigo et sa plage s’offre ensuite à nos yeux, mais la douleur aux tendons me gâche un peu la journée car j’ai peur, à ce moment-là, de ne pas réussir à finir mon trek.

On se pose dans un café et on fait le point : je décide de partir en stop directement à notre hébergement pour zapper les deux dernières heures de la journée et ne pas laisser la tendinite s’installer. Nous décidons de faire un break de 24 heures, et de rester 2 nuits à l’auberge de jeunesse d’Arrifana, qui accepte les chiens, à condition de réserver une chambre complète (82€ / nuit ; 4 lits). Le stop fonctionne super bien (même avec Pisco !) car j’attends à peine 15 minutes pour qu’un couple de Portugais adorable me dépose directement à l’auberge !

Celle-ci est très chouette, moderne, avec un petit restau qui fait de super bons burgers (végés ou non). On profite du break pour manger plein de fruits, faire des bains d’eau glacée pour les jambes, et dormir !

Jour 8 : Arrifana – Carrapateira (19,6 km – 4h45)

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Après une pause de 24 heures, on repart en pleine forme ! A 9h30, nous sommes au bord de l’océan et une magnifique brume matinale s’élève du panorama. La journée s’annonce chaude (29 degrés) et cela m’inquiète un peu pour Pisco. Nous quittons l’océan pour une incursion dans les terres, une belle forêt d’eucalyptus, puis un village endormi ou une femme me donne de l’eau d’une couleur un peu douteuse pour le chien.

Vers midi, nous trouvons un sentier pour descendre et marcher sur la plage. Nous y croisons une allemande qui nous accompagne durant une dizaine de minutes en nous bombardant de questions sur notre aventure. Elle est venue d’Allemagne en dormant dans sa voiture pour voir sa fille ! Vu la chaleur et le manque d’ombre, nous traçons sans pique-niquer. Nous arrivons au village de Carrapateira vers 14h30, un peu dans le dur après 4h45 de marche sans prendre de pause !

Nous n’avons pas de plan pour dormir car il n’y a pas de camping et nous n’avons pas trouvé de chambres acceptant les chiens. De plus, on porte les tentes donc ça serait dommage de ne pas s’en servir et de payer des nuits d’hôtels chaque soir… Je pense subitement à l’application Park4Night que j’utilise avec mon van, et je remarque que la Guest House Cato y est présente en tant que « camping à la ferme ». Après discussion avec la gérante, nous pouvons planter nos tentes dans le jardin moyennant 4€ pour la douche et le petit-déjeuner à 10€… Un bon deal ! (note : ils acceptent aussi les chiens dans les chambres contre 10€, malgré l’indication contraire sur Booking).

Le lieu est assez baba cool et très sympa. Je laisse Pisco se reposer et vais en stop à Vila do Bispo, l’étape du lendemain, pour lui acheter de la nourriture, car la supérette de Carrapateira est fermée le dimanche.

Jour 9 : Carrapateira – Vila Do Bispo (18 km – 4h20)

➡️ Voir l’étape et télécharger la trace GPX

Nous partons en forme après le délicieux petit-déjeuner de la maison d’hôtes où nous avons planté la tente… Super option par rapport à un camping : la salle de bain était bien plus agréable, le lieu super calme, et le petit-déjeuner maison au top ! Nous ne le savons pas encore, mais nous allons voir les plus beaux paysages du Sentier des Pêcheurs aujourd’hui !

Après la plage de Bordeira et ses falaises rouges (Praia do Amado), nous avons pas mal de dénivelé au programme. Sur la plage de Murração, des chaussures mouillées inopinément nous « obligent » à faire une pause baignade le temps qu’elles sèchent… Il y a à nouveau un randonneur qui se baigne nu 😅, il faut dire que cette plage est très difficile d’accès en voiture et qu’il n’y a donc presque personne !

Le sentier repart ensuite dans les terres avec de belles montées, nous sommes en plein dans le parc naturel du sud-ouest de l’Alentejo, qui couvre 80 km de côtes. Il n’y a que du vert à perte de vue !

Tandis que nous progressons, nous découvrons émerveillés le panorama de la plage de Pena Furada, l’une des plus belles que j’ai vues !

Une première crique de sable fin avec un magnifique dégradé de couleurs et un éperon rocheux qui sort de l’eau, suivie d’une deuxième crique cette fois composée de galets noirs, et aucun signe visible de l’homme pour gâcher cette merveille de la nature, à part des sentiers de marche. Un très beau moment dans ce qui est pour moi le plus beau panorama de ce trek ! 

Nous devons pourtant continuer, et rentrons à nouveau dans les terres. L’avantage, c’est qu’on y trouve de l’ombre pour pique-niquer !

Il n’y a toujours pas de camping pour notre dernière nuit, nous sommes donc à nouveau dans une auberge de jeunesse dog-friendly un peu à l’écart de la fin officielle de l’étape, à Raposeira. On la rejoint en coupant par des sentiers très beaux, mais en plein soleil !

C’est notre dernière nuit sur le trek, aussi nous faisons du stop pour aller dîner au restaurant à Vila do Bispo… Je repère sur la carte un restau nommé « Pisco« , on est obligées d’y aller 😂 et il s’avère que c’est une excellente adresse avec des pizzas délicieuses, ainsi que de nombreux plats végans ou non, absolument originaux ! (réservation recommandée)

Jour 10 : Vila Do Bispo – Cap Saint Vincent (15.5 km – 3h30)

➡️ Voir l’étape et télécharger la trace GPX (l’étape officielle rejoint Sagres et fait 20 km. Nous avons symboliquement fini notre trek au Cap Saint-Vincent !)

Comme d’habitude, nous sommes obligées de rejoindre Vila do Bispo pour entamer l’étape officielle, une trentaine de minutes le long d’une route hyper passante, pas génial !

On quitte ensuite la ville par des petites routes, nous croisons des vaches en liberté mais bien placides face à Pisco. On voit des randonneurs se faire déposer en taxi à l’endroit où la route devient sentier 🤨

Commence alors un loooooong moment sur une piste de sable poussiéreuse, très plate, sans rien pour accrocher le regard… On ne va pas se mentir, c’est assez chiant ! En approchant du Cap Saint Vincent, on retrouve des paysages un peu plus sympas, avec des falaises vraiment « pliées » et de couleurs variées en fonction des sédiments qui les composent. 

Le sentier par contre se transforme en chemin de croix plein de cailloux, hyper galère à emprunter… Plus on se rapproche du cap et plus on voit les voitures et camping-cars qui empruntent la route pour atteindre « le bout ». Nous y arrivons, prenons la « photo finish » et échangeons quelques mots avec les autres marcheurs, tout le monde a une drôle de tête à cet endroit symbolique ! Il y a des stands de boissons fraîches et de hot-dogs, on en profite et on reste un petit moment là, pendant que Pisco pique un roupillon sous la table.

Il est temps ensuite de penser à rentrer, nous appelons un taxi qui nous dépose à Lagos, où nous prenons le train pour Faro, avant de rentrer à la maison ! Quelle belle aventure, une fois de plus 💙

Tableau résumé des étapes

Départ Arrivée Hébergement Durée Distance Beauté des paysages
São Torpes Porto Covo camping 2h40 10 km 3/5
Porto Covo Vila Nova de Milfontes camping 5h30 22 km 4/5
Vila Nova de Milfontes Almograve guest house à Longueira 3h10 14 km 4/5
Almograve Zambujeira do mar camping 5h30 24 km 5/5
Zambujeira do mar Odeceixe camping 5h 21 km 4/5
Odeceixe Aljezur camping 4h30 20 km 4/5
Aljezur Arrifana auberge de jeunesse 3h (écourtée) 13 km 3/5
Arrifana Carrapateira camping dans une guest-house 4h45 20 km 4/5
Carrapateira Vila do Bispo auberge de jeunesse 4h20 18 km 5/5
Vila do Bispo Cap Saint-Vincent 3h35 15.5 km 2/5

Mon avis sur le trek du Sentier des Pêcheurs

Points positifs

  • Des paysages sauvages et assez variés entre sentier côtier, incursions dans les terres et jolis villages blancs
  • La possibilité de se baigner
  • Un trek peu technique (mais physique néanmoins avec le sable mou)
  • Facilité de ravitaillements en nourriture et pâtée pour chien, et nombreuses options pour dîner, un point d’attention cependant pour l’eau (il faut prévoir parfois le matin pour la journée complète)

Points négatifs

  • Peu de marcheurs dans les campings, rendant les échanges moins fréquents
  • Pas de campings sur les dernières étapes, certains campings un peu vieillots ou très vides 
  • Attention à la chaleur qui peut vite poser problème
  • Quelques moustiques 
  • Si vous avez le vertige, je vous déconseille ce trek qui passe souvent sur des falaises assez impressionnantes (bien que le sentier soit sécurisé)

Intéressé(e) par ma liste pour un sac de rando léger ? 

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